lundi 6 juillet 2015

Prisonnier de guerre au Stalag 18A: François Gallon




GALLON François


NOM : GALLON
PRÉNOM : François
DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 5 février 1901 au Cellier
DATE ET LIEU DE DÉCÈS : 27 août 1967 au Cellier
ÉPOUSE : ATHIMON Germaine (30 juin 1901-3 juin 1955)
DATE ET LIEU DE MARIAGE : 1926 au Cellier
ENFANT : Yvette
DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 5 avril 1928 au Cellier



 archives départementales de Loire Atlantique

Né en 1901, François partit faire son service militaire au lendemain de la Première Guerre Mondiale, le 7 avril 1921. Il fut incorporé au 137ème Régiment d’Infanterie, basé à Fontenay le Comte sous le matricule 2352 puis sous celui 2611 il passa le 1er février 1922 au 64ème Régiment d’Infanterie basé à Ancenis au quartier de la Davrays, ce qui le rapprocha considérablement de sa famille. En avril 1923 il passa en disponibilité puis fut renvoyé dans ses foyers le 15 mai 1923 et resta affecté au 64ème RI. Le 1er janvier 1924 il changea à nouveau d’affectation et passa au 135ème Régiment d’Infanterie, cette fois-ci il fut basé à Angers, à la caserne Desjardins, dirigé alors par le Colonel Leboiteux. Il restera affecté à ce régiment jusqu’au début du conflit en septembre 1939. Quatre ans après son retour du service militaire, en 1926, il épousa en la commune du Cellier (Loire Atlantique) Germaine Athimon avec qui il aura en 1928 une fille, Yvette.
Suite à l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes, la France et le Royaume Uni déclarèrent, le 1er septembre 1939, la guerre à l’Allemagne Nazie, alors dirigée depuis 1933 par Hitler. La Russie ne rentrera en guerre contre Hitler qu’en juin 1941 suite à l’attaque allemande mettant ainsi fin au pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939. Dès le 24 août 1939 François GALLON fut appelé sous les drapeaux comme des milliers d’hommes à travers toute la France, il a alors 38 ans et part en laissant femme et enfant s’occuper de la ferme tout comme les poilus l’avaient fait 25ans plus tôt. Il rejoint le 111ème Régiment Régional basé en Loire Atlantique (Nantes, Bouguenais, St Nazaire), il regroupait majoritairement des hommes de 40-45 ans faiblement armés car localisés loin des lignes de combats dans le nord. Le 2 septembre il faisait officiellement parti de l’armée de réserve de l’intérieur mais le 13 septembre il se voit réformé temporairement suite à une blessure au pied et ce jusqu’au 11 Avril 1940. La Commission de Réforme de Nantes le déclara « bon au service » mais « inapte pour l’infanterie », il fut alors affecté à Vannes au dépôt d’artillerie n°11 le 15 mai 1940 et il y restera jusqu’à la semaine du 10 juin 1940.

Au cours de 1939 et 1940 les allemands avancèrent rapidement sur le front dans le nord de la France et en quelques mois ils furent déjà aux portes de Paris. Les troupes britanniques ainsi que quelques troupes françaises se retrouvèrent encerclées à Dunkerque. Du 21 mai au 4 juin 1940 elles mèneront une résistance héroïque et désespérée afin de gagner un laps de temps nécessaire à l'embarquement du gros des troupes vers le Royaume-Uni. En 9 jours, 338 226 combattants dont 123 095 français ont pu être évacués par bateau, la Wehrmacht capturera quelques 35 000 soldats, dont la quasi-totalité sera des français.

Le 16 juin 1940 François n’est plus soldat de réserve, on l’envoie rejoindre le 97ème Régiment d’Artillerie Divisionnaire à St Denis dans l’Orne pour tenter de repousser l’envahisseur mais cette mobilisation sur le front sera de courte durée puisque le 18 juin il est fait prisonnier et envoyé en août au FRONSTALAG 201 situé à Alençon (Orne) (ancien lieu de cantonnement de l’armée française qui sera transformé en camp d’internement comme beaucoup d’autres à la même époque), au total entre mai et juin 1940 l’Allemagne fera 1 845 000 de prisonniers français. Ce camp restera en activité jusqu’en mars-avril 1941 mais on ne peut dire si François y restera durant tout ce temps. Pendant que de nombreux soldats français sont faits prisonniers, le 22 juin le maréchal Pétain renonça à se battre plus longtemps et signa un armistice avec l’Allemagne tandis que le Royaume Uni et W.Churchill continueront la bataille.




Appel du 18 juin 1940 : l'appel à la résistance du général de Gaulle

Refusant la capitulation de la France face à l’ennemi nazi, le général de Gaulle rejoignit Londres afin d’y poursuivre le combat. Le 18 juin 1940, il lança sur les ondes la BBC son célèbre appel à continuer la lutte, acte fondateur de la France Libre : "Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".






Armistice du 22 juin 1940

L'armistice de 1940 eut lieu à Rethondes dans la forêt de Compiègne, dans le wagon même qui servit à signer l’armistice de la première guerre. Ce traité signé entre le représentant du IIIème Reich allemand et celui du gouvernement français de Pétain établissait les conditions de l'arrêt des combats et de l'occupation allemande.
Des conditions bien définies :
-              les troupes françaises furent désarmées et les prisonniers français quant à eux durent rester en détention, ils ne seront libérés qu'en 1945.
-              la France dut verser à l'Allemagne 400 millions de francs par jour jusqu'à la libération sans compter qu’elle réquisitionnera nourriture, carburant, usines et main d’œuvre française.
-              la France n'eut plus le droit de posséder une armée de terre et de l'air. Au final la flotte de guerre française qui n'avait presque pas combattue, fut désarmée et regroupée à Toulon en Mer Méditerranée. Pour empêcher la flotte française de rejoindre la Grande Bretagne, Hitler demanda l'occupation et la mise en place de défenses des côtes de l'océan atlantique : c’est le mur de l’atlantique.
-              La France fut divisée en 2 zones, le Nord et l'Ouest passèrent sous l'occupation allemande ce qui donna à l'Allemagne un accès direct aux ports. Le sud resta sous gouvernance française et Vichy devint le siège des gouvernements successifs du Maréchal Pétain. Quant aux colonies françaises, elles restèrent inatteignables par les allemands donc libres contrairement à l'Alsace-Lorraine. Toutes les colonies restèrent fidèles au maréchale Pétain sauf l'Afrique équatoriale et la Nouvelle Calédonie qui se rallièrent rapidement à De Gaulle.
-              l'Italie annexa la Savoie alors qu’elle n’entra en guerre contre la France que le 10 juin 1940.



Au FRONSTALAG d’Alençon, François y restera un certain temps avant d’être finalement envoyé en Autriche dans un camp de prisonnier. Le 17 octobre 1940 il fut inscrit sur la liste n°33 du Centre nationale d’information sur les prisonniers de guerre, elle sera établie à Paris par l’administration allemande.
Gallon François     5-2-01     2ème classe     97ème RAD     201

À partir de là commence un long voyage à pied et en train dans des wagons ferroviaires vers son lieu d’internement. Les prisonniers français furent acheminés vers des camps de travail appelés STALAG pour les soldats et OFLAG pour les officiers. Ils se répartissaient sur l’ensemble du Reich et se divisaient en plusieurs secteurs. François est envoyé en Autriche au STALAG 18A situé à Wolfsberg près de Graz dans le sud du pays. Il regroupait des prisonniers de toutes les nationalités divisées en différents commandos. Chaque commando était affecté à une ferme afin d’y travailler pour pallier au manque d’hommes partis en guerre. Les allemands ou autrichiens employant des prisonniers reversaient leur salaire au Reich, seul une toute petite partie revenait au prisonnier.




Organisation du STALAG 18A


 








L’administration allemande étant très rigoureuse tout était très organisé, en l’occurrence les camps qu’ils soient pour les prisonniers ou pour l’extermination. Chaque prisonnier portait sur le dos de leur vêtement la marque KG (Kriegsgefangener) et chaque cabane possédait la même organisation. Celles-ci étaient en bois sans fenêtres et entourées de barbelés, elles se composaient de 12 lits superposés de 3 lits chacun. Les soldats allemands étant réquisitionnés sur les fronts de l’ouest et de l’est, peu d’entre eux étaient affectés à la surveillance des camps de prisonniers, un stalag n’était surveillé que par quelques dizaines de soldats, les baraques étaient gérées par des responsables choisis parmi les prisonniers. Il arrivait parfois que par manque de soldats les prisonniers se rendent seuls dans les fermes mais attention qui conque ne revenait pas engendrait une répression pour les autres.


 

La vie quotidienne dans les camps n’était pas facile, François et les autres prisonniers destinés au travail à la ferme se levaient à 4h du matin et faisaient une rapide toilette à l’abreuvoir. Ils se rassemblaient dans la cours où l’appel était fait et partait sans manger, le repas serait servi à la ferme. Une fois le petit déjeuné pris une longue et dure journée de travail commençait qu’il fasse chaud ou froid, leur repas du midi et du soir étaient pris à la ferme cela permettait aux allemands de diminuer leur frais, seul les repas du dimanche étaient pris au camp. D’ailleurs les repas pris à la ferme n’étaient pas toujours bons mais les prisonniers mangeaient à leur faim en revanche ceux pris au camp étaient mauvais et peu copieux. Leur journée de travail fini et après avoir mangé ils étaient de retour au camp vers 19h où de nouveau l’appel était fait. Ils travaillaient ainsi 6 jours sur 7, le dimanche était jour de repos, de nombreux soldats en profitaient pour faire leur linge, écrire à leur famille et se détendre. 
Entre 1940 et 1945 certains prisonniers français seront libérés et François en fera parti. En 1942 le gouvernement français et les autorités allemandes tombèrent d’accord sur le principe d’un échange : prisonniers de guerre contre ouvriers. En juin 1942 la « Relève » est instaurée par Pierre Laval, le départ de trois ouvriers volontaires français en Allemagne permettaient le retour d’un prisonnier de guerre français, qui était en retour sensé travailler dans des usines fabriquant des produits pour le Reich. L’Allemagne libère ainsi 90 000 hommes mais le problème fut que seul 17 000 français volontaires partirent les remplacer. C’est ainsi que le régime de Vichy promulgua une nouvelle loi sur l’utilisation de la main d’œuvre le 4 septembre 1942 : le STO, Service du travail obligatoire. Désormais, le principe de la relève fut obligatoire, et les prisonniers ne revenaient plus. Entre 1940 et 1944, environ 330 000 prisonniers furent  tout de même rapatriés, essentiellement pour des raisons médicales. François fit parti de ces prisonniers, il fut libéré le 26 septembre 1943 pour raison médicale, il revint du stalag avec une jambe droite au 2/3 invalide (fracture du tibia et contorsion du pied). Il sera finalement démobilisé le 26 avril 1944 et obtiendra une pension de guerre suite à ses blessures.
 

Les prisonniers reviendront pour l'immense majorité en 1945 avec les avancées alliées et soviétiques en Allemagne (où se situaient la plupart des camps). Certains rentreront même à pied ne pouvant attendre le rapatriement vers la France. Pendant ces 5 ans, il y eut près de 510 000 morts et disparus parmi les 1 850 000 prisonniers de juin 1940.





STO : Service du Travail Obligatoire

D'août 1940 à juin 1942, entre 60.000 et 150.000 volontaires partent travailler en Allemagne. Leur nombre étant insuffisant, Laval instaura le 22 juin 1942« la Relève », dont le principe consistait à échanger un prisonnier qui rentrerait en France, contre trois ouvriers français qui partiraient en Allemagne. On faisait miroiter de bon salaire et une vie plutôt agréable, en temps de guerre la perspective d’un bon salaire était alléchant, il permettrait aux familles des volontaires de mieux vivre.
Cette initiative étant également un échec, le « service du travail obligatoire », dit « STO », fut instauré. Il prévoyait la mobilisation de tous les gens nés entre 1920 et 1922. Entre 400.000 et 450.000 jeunes gens sont ainsi contraints à partir, toutes professions et catégories sociales confondues. Au total ce ne fut pas loin de 650 000 français qui partirent travailler en Allemagne sans compter tous ceux qui furent forcés de travailler dans les usines françaises pour le compte des allemands (le nombre s’élèverait alors à pas près de 3 million d’hommes). L’État français fut le seul parmi les états européens à forcer ses ressortissants à collaborer, et à fournir un pourcentage de main d'œuvre aussi important.



Même si le STO était obligatoire, nombreux furent ceux qui refusèrent d’y aller on les appelle alors les « réfractaires ». Certains rejoindront l’Afrique du Nord, d’autres se cacheront en campagne travaillant dans les fermes isolées d’autres encore iront gonfler les rangs des maquis et de la résistance. Des bandes se créèrent au cœur des forêts posant un souci aux fermiers du coin car contrairement aux maquis ces bandes de jeunes gens étaient peu organisées, du moins au début, et se permettaient de voler dans les fermes. 


 







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire